Un navire passera
Un navire passera…
Longtemps je fus une simple route.
Petite route de campagne, bien sage.
J’avançais, ombragée d’arbres paisibles
et presque monotone.
J’allais vers mon but familier et lointain :
la fin de tous les chemins.
Au milieu de ma course,
un vent étranger se leva par bourrasques.
Désorientée, je devins sentier.
J’obliquai vers la haute mer,
à travers des collines sauvages
coupées de ravins abrupts
et de torrents de passion.
Soudain, plus de chemin.
La chute, dans un trou noir.
Foudroyée par l’éclair,
et aspirée au ciel
dans l’œil d’un cyclone.attentif.
Clouée par un clou de diamant
sur une île improbable
visitée de nuées
et d’éclaircies brutales.
Des paroles m’accostent
et font leur nid en moi.
Promesses merveilleuses,
illusions passagères.
Un navire passera,
qui me prendra à son bord
traçant depuis des siècles
sa route maritime.
Par le chemin sans chemin,
par la joie du mystère,
le Temps nous portera
sur la Terre Promise.
Oui, un navire passera…