le mot
LE MOT
Mot, perle vibrante,
ô larme du soleil
planète inaccessible où l’on n’aborde pas
j’enfile ta lumière au fil des jours pareils
en colliers de supplice
ornés de sourds trépas.
J’accroche mes guirlandes au cou de la douleur,
souffle des bulles d’or au nez de la souffrance
Ma phrase est ce collier
aux changeantes nuances
captant dans ses rondeurs
l’aigu du vieux malheur.
Mais le cercle est fermé
où tourne la beauté
Le col est prisonnier de nos liens animaux.
Suivez éclaboussés la courbe bleue des mots
et vous approcherez une onde de clarté.
Mais n’espérez jamais
voir au fond de ces perles
ou pénétrer un jour dans la magie cerclée
Ce jeu ne mène à rien
dévorante chandelle
ni au cœur de la force,
ou de la vérité.
En glissant dans vos doigts les boules vernissées
sautant de l’une à l’autre par dessus la raison,
vous avez épuisé le bout de la passion.
D’où vous étiez partis,
vous y êtes retournés.
Vous avez occupé
dans le fauteuil d’un songe,
l’avion de la beauté
survolant l’inconnu
Hélas ! ce collier fou
enroulant ses mensonges,
étrangle dans ses tours ceux qui l’ont soutenu.
Jouissez de l’instant pur
comme d’une prière,
car le présent est hors du temps.
J’ai créé l’infini
avec de l’immatière
et s’il est tout petit
prenez-en soin plus grand.
Je l’ai fait contenir dans une bulle ailée
Dans vos deux mains creusées
voyez-le palpiter
Entre vos ongles blancs
je l’ai mis à couler
Tournez tournez les grains
car ils vont éclater.
Mot, perle vibrante,
ô larme du soleil,
j’allume ta lumière
dans la nuit de mon coeur.