Cluny
CLUNY
Pesante mélancolie
de ta présence accroupie
Tu griffes le sol de tes serres
les flancs reposés sur la terre.
La masse lourde de tes dunes
dresse ses tours contre la lune
à travers des dentelles tendues
dans la fraîcheur des nuits perdues.
Arcades d’ombres
entrecroisées
Mystère des frises bouclées,
cascades sombres
et ouvragées
des arabesques ciselées.
Dans le silence velouté,
sous la nef bleue de majesté,
glissent des brises enchantées
tressées de fibres argentées.
Les piliers sont rugueux
qui soutiennent la voûte,
et légère la joute
des flèches élancées.
L’assaut y est fougueux
vers les cimes sonores,
toutes vibrant encore
d’harmonies enlacées.
Avec cet air
profond
des abbayes anglaises
perdues
parmi des monts
de chênes
aux troncs touffus,
au creux des coins
moussus
le mystère s’apaise.
Et dans le parc
inclus
sous une ombre
ajourée,
il tombe
une douceur
d’étoiles
épandues,
une tendre noirceur
d’ivresses
déchirées,
dans la lenteur
du soir
où rêvent
nos espoirs.